Dans les années 70, dans le quartier des halles à Orléans, était installé un marchand de produits exotiques. Dans mes souvenirs d'enfant, l'homme qui tenait cette boutique connaissait aussi bien ses produits, que le nom, l'origine et les préférences alimentaires de ses clients. Sa boutique était un lieu de rencontre pour ceux qui, comme mes parents, appartenaient à la diaspora antillaise. Pour nous, les enfants, acheter ses produits, c'était l'assurance d'un repas différent, un repas qui permettrait de rêver à notre pays d'origine si lointain et si mystérieux. Pour mes parents, ces aliments leur procureraient, le temps d'un repas, le plaisir et la nostalgie des saveurs de leur enfance ensoleillée.
Aujourd'hui, ce magasin a disparu. Les produits exotiques frais se trouvent dans tous les supermarchés. Mes parents n'y achètent pas de produits exotiques car « la qualité n'y est pas ».
Retrouver ces produits aujourd'hui
Ces fruits, légumes, légumes-racines, qui nourrissaient ma mémoire, j'ai cherché à les faire revivre, aujourd'hui, pour le plus grand nombre. Je les ai étudiés afin qu'ils soient faciles à utiliser. Un partenaire industriel au Honduras, Micfood (www.micfood.com), que j'ai choisi, a étudié la faisabilité de mon projet, qui venait confirmer la voie de recherche et développement sur laquelle il s'était déjà engagé lui aussi, pour d'autres pays.
En 2012, la croustille de manioc, le cœur de plantain, les brindilles et les écrasés oranges et blancs de patate douce sont adoptés.
En 2013, c'est la consécration pour la croustille de manioc pure&simple, by Ace qui remporte le grand prix de l'innovation Intermarché.
Et maintenant, quelle suite à l'histoire ?
3 siècles après un autre célèbre tubercule qui a fait son chemin, la croustille de manioc et ses confrères arpentent les routes d'Europe. J'ignore ce qui arrivera. Je confirme simplement que rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
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Corinne Ajinça
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